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anarchie et justice

Désordre dans la vallée de Josaphat

Cet exposé propose une brève histoire des conceptions successives du mal. Non seulement parce que l’on peut considérer le mal comme critère ordinateur et révélateur de « l’ordre des choses » d’une époque, mais il s’agit surtout de situer les deux auteurs sur lesquels nous allons nous attarder, Agamben et Arendt, par rapport à cette histoire.

On parlera d’abord avec Nathalie Zaltzman (et Robert Muchembled) du double processus historique qui a consisté à éloigner le mal et paradoxalement à le rendre intérieur (I), ce qui nous permettra de contextualiser une critique de l’imputation (de la responsabilité) et de la purge (auto-punition). On présentera ensuite deux pistes pour une éthique anarchiste liée à la question du mal : L’une à partir des considérations et des propositions d’Hannah Arendt sur les notions de responsabilité et de jugement élaborées à la suite de la seconde guerre mondiale (II). (III) Puis les tordre et en prendre le contre-pied avec le travail de Giorgio Agamben qui défait l’édifice du droit et de la morale occidentale, remettant radicalement en question la logique de l’imputation (il n’y a pas de volonté propre) et de la peine. (IV) On ouvrira sur des considérations au sujet de la jurisprudence et de l’exemplarité, en proposant quelques pistes pour une éthique anarchiste forgée à l’aune des heurs et des malheurs du temps !

Plus de Exposé


La vraie vie

Novembre 2018

Exemplifier

Tout peut servir d’exemple. Donc il n’y a pas d’exemple en soi.
A première vue, l’exemple de quelque chose est là pour consolider l’existence d’autre chose, pour faire advenir son être, pour l’imposer. On dirait que l’exemple est de l’ordre de l’impur, de l’imparfait, dévoilant partiellement et imparfaitement une réalité qui lui est supérieure. L’exemple a une fonction de monstration, il fait signe vers autre chose qui est extérieure à lui-même.

Exposé

la vraie vie

novembre 2018

La vie bonne : genres et formes de vie dans la philosophie antique

Quand la philosophie apparaît au Ve siècle av. J.-C., elle ne naît pas comme science, mais comme mode de vie. Philosopher, c’est vivre un certain genre de vie et, si l’on en croit ceux qui le vivent, le meilleur parmi tous. La vie bonne, c’est la vie contemplative. Une telle affirmation s’appuie une réflexion plus large sur les formes de vie – qui ne se réduit ni à la biologie, ni à la sociologie, ni à l’anthropologie, mais qui se situe en
deçà du partage entre l’étude générale du vivant et celle de ses formes singulières. La philosophie n’est donc qu’une forme de vie parmi les autres, mais cette forme prétend être la plus haute. Il faut donc chercher à comprendre ce qui lie l’étude des formes de vie à un plaidoyer pour la vie philosophique. Si le mot grec theoria ne signifie pas simplement « théorie », c’est-à-dire un savoir coupé de l’expérience, mais « contemplation », c’est-à-dire un certain rapport vivant à ce qui est, alors il faut examiner en quoi ce rapport peut prétendre être plus vrai que les autres.

Exposé

La vraie vie

décembre 2018

Vie et vérité chez Nietzsche

Pour cette séance, on commencera par suivre le raisonnement de Nietzsche dans sa dimension destructrice. Ce dernier s’attaque en effet à tous les discours prétendument absolus – par exemple ceux de la philosophie ou de la religion – pour les ramener au type de vie qui l’énonce, en se demandant à chaque fois qui parle. Nietzsche est ainsi un des premiers auteurs à détruire la croyance en l’existence de vérités indépendantes de leur situation d’énonciation, et des rapports de pouvoir particuliers qui les caractérisent. Cette forme de nihilisme fait aujourd’hui partie de notre condition contemporaine : pourquoi choisir un mode de vie plutôt qu’un autre si toute croyance peut être réduite à une stratégie vitale ?
On verra ensuite comment Nietzsche tente de sortir de ce nihilisme. Pour cela, il lui faut reconstruire une distinction entre différentes existences plus ou moins authentiques, à l’intérieur d’un cadre où toute transcendance a été détruite. On examinera sa proposition, qui en passe entre autre par une opposition entre force et faiblesse, et on en questionnera les limites.