Voici un document de travail qui nous a servi à nous ouvrir à davantage de nouvelles personnes, tant dans les invitations que dans le fonctionnement.
Formalisation du fonctionnement interne de l’école de philo
Pour recontextualiser. Cette proposition fait suite à trois années de l’école de philosophie où nous nous sommes organisé.es en distinguant un groupe « d’élèves », simples participant.es et un groupe de « professeurs » ou « d’organisateur.ices » se partageant différentes tâches.
Au sein de ce groupe, aucune distinction formelle n’existait : tous.tes participaient à toutes les réunions, recevaient tous les mails, etc, l’exigence fondatrice étant qu’il ne soit pas possible de proposer des contenus philosophiques sans prendre part au fonctionnement quotidien de l’école. Aujourd’hui, nous sommes une quinzaine, les réunions sont devenues pénibles (la répétition engendrant la familiarité, les postures se figent), les mails se multiplient et beaucoup de tâches sont partagées au-delà de ce groupe initial.
D’autre part, nous avons choisi de faire une quatrième année où la distinction entre simples participant.es et organisateur.ices n’existerait plus. Cette année bordélique et enthousiasmante semble avoir suscité le désir chez plusieurs personnes de s’engager plus avant dans l’organisation de l’école de philosophie pour l’année ou les années à venir, ce dont nous nous réjouissons !
D’où la tentative de division du travail qui suit. L’exigence de participation à la vie quotidienne de l’école de philosophie pour toute personne qui s’y engage est maintenue, c’est ce que nous avons appelé « la base logistique ». En revanche, il est désormais possible de participer à la vie de l’école de différentes manières, en plus de ce premier engagement logistique obligatoire : en proposant des contenus théoriques, en faisant des chantiers, en faisant la cuisine, en réfléchissant fonctionnement et au programmes des années futures, principalement. Voir ci-dessous pour l’explicitation des différents clubs. Nous avons également dégagé quelques règles de fonctionnement.
Tout ceci est évidemment une construction formelle qui est amenée à évoluer avec l’expérience et à s’adapter aux situations individuelles. Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas à nous en parler.
P.S. : Pourquoi le terme de club ? C’est un clin d’oeil aux clubs au sens de la psychothérapie institutionnelle. C’est-à-dire un espace où les personnes se retrouvent autour d’une certaine pratique, dans une forme souple, permettant une circulation qui passe au travers des différentes inerties. On est loin du club select.
A chacun sa pratique, à tout le monde la logistique !
Mais ce terme pose question a plusieurs d’entre nous, notamment à cause de sa connotation de fermeture (un club dont tout le monde ne fait pas partie, c’est sélect, malgré notre bonne volonté). Il est encore temps de réfléchir à d’autres mots, avant que les usages se figent !
1 ) Les règles de fonctionnement :
2 ) Les différents modes d’engagement :
La base logistique
Toute personne souhaitant s’impliquer dans l’école doit au moins :
Les clubs
Toute personne souhaitant s’impliquer dans l’école de philosophie peut participer à un ou plusieurs de ces clubs :
Tout peut servir d’exemple. Donc il n’y a pas d’exemple en soi.
A première vue, l’exemple de quelque chose est là pour consolider l’existence d’autre chose, pour faire advenir son être, pour l’imposer. On dirait que l’exemple est de l’ordre de l’impur, de l’imparfait, dévoilant partiellement et imparfaitement une réalité qui lui est supérieure. L’exemple a une fonction de monstration, il fait signe vers autre chose qui est extérieure à lui-même.
Quand la philosophie apparaît au Ve siècle av. J.-C., elle ne naît pas comme science, mais comme mode de vie. Philosopher, c’est vivre un certain genre de vie et, si l’on en croit ceux qui le vivent, le meilleur parmi tous. La vie bonne, c’est la vie contemplative. Une telle affirmation s’appuie une réflexion plus large sur les formes de vie – qui ne se réduit ni à la biologie, ni à la sociologie, ni à l’anthropologie, mais qui se situe en
deçà du partage entre l’étude générale du vivant et celle de ses formes singulières. La philosophie n’est donc qu’une forme de vie parmi les autres, mais cette forme prétend être la plus haute. Il faut donc chercher à comprendre ce qui lie l’étude des formes de vie à un plaidoyer pour la vie philosophique. Si le mot grec theoria ne signifie pas simplement « théorie », c’est-à-dire un savoir coupé de l’expérience, mais « contemplation », c’est-à-dire un certain rapport vivant à ce qui est, alors il faut examiner en quoi ce rapport peut prétendre être plus vrai que les autres.
Pour cette séance, on commencera par suivre le raisonnement de Nietzsche dans sa dimension destructrice. Ce dernier s’attaque en effet à tous les discours prétendument absolus – par exemple ceux de la philosophie ou de la religion – pour les ramener au type de vie qui l’énonce, en se demandant à chaque fois qui parle. Nietzsche est ainsi un des premiers auteurs à détruire la croyance en l’existence de vérités indépendantes de leur situation d’énonciation, et des rapports de pouvoir particuliers qui les caractérisent. Cette forme de nihilisme fait aujourd’hui partie de notre condition contemporaine : pourquoi choisir un mode de vie plutôt qu’un autre si toute croyance peut être réduite à une stratégie vitale ?
On verra ensuite comment Nietzsche tente de sortir de ce nihilisme. Pour cela, il lui faut reconstruire une distinction entre différentes existences plus ou moins authentiques, à l’intérieur d’un cadre où toute transcendance a été détruite. On examinera sa proposition, qui en passe entre autre par une opposition entre force et faiblesse, et on en questionnera les limites.