41

Ré-organisation de l’école

Voici un document de travail qui nous a servi à passer d’un fonctionnement affinitaire et informel à une certaine formalisation et division des tâches, pour permettre l’ouverture à de nouvelles personnes et acter la dissolution du groupe fondateur.

Formalisation du fonctionnement interne de l’école de philo

Pour recontextualiser. Cette proposition fait suite à trois années de l’école de philosophie où nous nous sommes organisé.es en distinguant un groupe « d’élèves », simples participant.es et un groupe de « professeurs » ou « d’organisateur.ices » se partageant différentes tâches.
Au sein de ce groupe, aucune distinction formelle n’existait : tous.tes participaient à toutes les réunions, recevaient tous les mails, etc, l’exigence fondatrice étant qu’il ne soit pas possible de proposer des contenus philosophiques sans prendre part au fonctionnement quotidien de l’école. Aujourd’hui, nous sommes une quinzaine, les réunions sont devenues pénibles (la répétition engendrant la familiarité, les postures se figent), les mails se multiplient et beaucoup de tâches sont partagées au-delà de ce groupe initial.
D’autre part, nous avons choisi de faire une quatrième année où la distinction entre simples participant.es et organisateur.ices n’existerait plus. Cette année bordélique et enthousiasmante semble avoir suscité le désir chez plusieurs personnes de s’engager plus avant dans l’organisation de l’école de philosophie pour l’année ou les années à venir, ce dont nous nous réjouissons !
D’où la tentative de division du travail qui suit. L’exigence de participation à la vie quotidienne de l’école de philosophie pour toute personne qui s’y engage est maintenue, c’est ce que nous avons appelé « la base logistique ». En revanche, il est désormais possible de participer à la vie de l’école de différentes manières, en plus de ce premier engagement logistique obligatoire : en proposant des contenus théoriques, en faisant des chantiers, en faisant la cuisine, en réfléchissant fonctionnement et au programmes des années futures, principalement. Voir ci-dessous pour l’explicitation des différents clubs. Nous avons également dégagé quelques règles de fonctionnement.
Tout ceci est évidemment une construction formelle qui est amenée à évoluer avec l’expérience et à s’adapter aux situations individuelles. Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas à nous en parler.

P.S. : Pourquoi le terme de club ? C’est un clin d’oeil aux clubs au sens de la psychothérapie institutionnelle. C’est-à-dire un espace où les personnes se retrouvent autour d’une certaine pratique, dans une forme souple, permettant une circulation qui passe au travers des différentes inerties. On est loin du club select.
A chacun sa pratique, à tout le monde la logistique !
Mais ce terme pose question a plusieurs d’entre nous, notamment à cause de sa connotation de fermeture (un club dont tout le monde ne fait pas partie, c’est sélect, malgré notre bonne volonté). Il est encore temps de réfléchir à d’autres mots, avant que les usages se figent !

1 ) Les règles de fonctionnement :

  • L’engagement dans un club nécessite d’avoir déjà fait au moins un an à l’école de philo
  • Les engagements se font à l’année sur la base du groupe déjà existant, et à l’issue de chaque année, chaque personne peut donner son avis sur la composition du groupe et exprimer d’éventuels problèmes.
  • Au début de l’année, chaque personne précise le degré et la qualité de ses engagements pour qu’on sache à quoi s’attendre et de quelle manière on peut compter sur chacun.e.

2 ) Les différents modes d’engagement :

La base logistique
Toute personne souhaitant s’impliquer dans l’école doit au moins :

  • Être présent.e à toutes les session s et participer à la répartition des charges d’une session à l’autre
  • Participer à la répartition des charges à l’année ( par exemple secrétariat, comptabilité, site internet, etc.)
  • Participer aux réunions d’organisation logistique en dehors des temps de l’école
  • Être sur la liste mail de la base logistique
    → En bref, être là, faire au moins deux réunions d’organisation générale dans l’année et surtout partager la charge mentale (ce, à l’exception du club construction. Il est possible de faire des chantiers ou des levées de fonds sans participer à la base logistique)

Les clubs

Toute personne souhaitant s’impliquer dans l’école de philosophie peut participer à un ou plusieurs de ces clubs :

  • le club philosophique, c’est-à-dire proposer des cours ou des ateliers ou toute autre manière de réfléchir aux problèmes qu’on se sera donnés collectivement. Également participer aux réunions et décisions concernant l’activité théorique à l’école (choix du programme)
  • le club construction, c’est-à-dire participer à la vie matérielle de l’école (chantiers, plans thunes, achat de matériel ou de lieu, organisation d’événements, etc.)
  • le club soin, c’est-à-dire trouver les bonnes manières d’accueillir, de soigner les relations, transmettre les histoires, etc.
  • le club avenir, c’est-à-dire participer à la réflexion, aux réunions et décisions concernant les formes à venir de l’école (agenda, répartition, inscriptions, programme, etc)
  • le club sandwich, c’est-à-dire participer à l’équipe cuisine en faisant à manger pour une ou plusieurs sessions, en pensant les menus et les listes de courses correspondantes, et/ou en invitant des équipes cuisines
  • et le club mickey, c’est-à-dire proposer toute sorte d’activité non théorique et/ou plus épisodique qui ne nécessite pas de participer à quelque réunion que ce soit, et c’est pour cela qu’on les aime


La vraie vie

Novembre 2018

Exemplifier

Tout peut servir d’exemple. Donc il n’y a pas d’exemple en soi.
A première vue, l’exemple de quelque chose est là pour consolider l’existence d’autre chose, pour faire advenir son être, pour l’imposer. On dirait que l’exemple est de l’ordre de l’impur, de l’imparfait, dévoilant partiellement et imparfaitement une réalité qui lui est supérieure. L’exemple a une fonction de monstration, il fait signe vers autre chose qui est extérieure à lui-même.

Exposé

la vraie vie

novembre 2018

La vie bonne : genres et formes de vie dans la philosophie antique

Quand la philosophie apparaît au Ve siècle av. J.-C., elle ne naît pas comme science, mais comme mode de vie. Philosopher, c’est vivre un certain genre de vie et, si l’on en croit ceux qui le vivent, le meilleur parmi tous. La vie bonne, c’est la vie contemplative. Une telle affirmation s’appuie une réflexion plus large sur les formes de vie – qui ne se réduit ni à la biologie, ni à la sociologie, ni à l’anthropologie, mais qui se situe en
deçà du partage entre l’étude générale du vivant et celle de ses formes singulières. La philosophie n’est donc qu’une forme de vie parmi les autres, mais cette forme prétend être la plus haute. Il faut donc chercher à comprendre ce qui lie l’étude des formes de vie à un plaidoyer pour la vie philosophique. Si le mot grec theoria ne signifie pas simplement « théorie », c’est-à-dire un savoir coupé de l’expérience, mais « contemplation », c’est-à-dire un certain rapport vivant à ce qui est, alors il faut examiner en quoi ce rapport peut prétendre être plus vrai que les autres.

Exposé

La vraie vie

décembre 2018

Vie et vérité chez Nietzsche

Pour cette séance, on commencera par suivre le raisonnement de Nietzsche dans sa dimension destructrice. Ce dernier s’attaque en effet à tous les discours prétendument absolus – par exemple ceux de la philosophie ou de la religion – pour les ramener au type de vie qui l’énonce, en se demandant à chaque fois qui parle. Nietzsche est ainsi un des premiers auteurs à détruire la croyance en l’existence de vérités indépendantes de leur situation d’énonciation, et des rapports de pouvoir particuliers qui les caractérisent. Cette forme de nihilisme fait aujourd’hui partie de notre condition contemporaine : pourquoi choisir un mode de vie plutôt qu’un autre si toute croyance peut être réduite à une stratégie vitale ?
On verra ensuite comment Nietzsche tente de sortir de ce nihilisme. Pour cela, il lui faut reconstruire une distinction entre différentes existences plus ou moins authentiques, à l’intérieur d’un cadre où toute transcendance a été détruite. On examinera sa proposition, qui en passe entre autre par une opposition entre force et faiblesse, et on en questionnera les limites.