Aujourd’hui il nous semble opportun de partager les textes qui ont nourri réflexions et discussions à propos de la guerre et de la situation coloniale en Palestine, en regard de ce que fut l’histoire du sionisme qui, avec le soutien des puissance occidentales, s’est imposé par la force comme seule réponse possible à la demande d’une vie digne formulée par les juif·ves d’Europe. Faire de ces textes des armes, nous permettant de prendre et de défendre des positions, de façon critique et plurielle – des armes qu’il nous faut continuer de forger.
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Manifeste
Nous voulons faire de la philosophie, c’est-à-dire penser avec conséquence. Pour cela, nous voulons fonder une école. Or à l’école, habituellement, la pensée est privée de ses conséquences parce qu’elle est coupée de ses conditions. La condition fondamentale de la pensée est la vie. Elle en est aussi l’enjeu le plus profond : parce que la pensée part du vécu et y retourne. Il ne sert à rien d’apprendre la définition de la liberté sans avoir fait l’expérience de l’aliénation et sans chercher à s’en libérer. C’est ce que l’école tend à nous faire oublier. La pensée y est exposée comme un ensemble de discours, de théories, de doctrines que l’on monnaie contre des notes et des diplômes.
Cette pensée terriblement abstraite et désincarnée n’est pas coupée de toute vie – comment le pourrait-elle ? – mais elle s’accorde avec une manière de vivre assez peu enthousiasmante : celle des étudiant·e·s ou des professeur·e·s, c’est-à-dire des salarié·e·s de la pensée. Ce que l’on apprend dans un cours de philosophie est souvent très intéressant et parfois absolument bouleversant, et pourtant on ne sait pas quoi en faire, parce que le désir de savoir n’a pas d’autre conséquence sur le plan existentiel que de devenir un·e professionnel·le de la pensée, c’est-à-dire un·e professeur·e ou un·e intellectuel·le critique.
Si à l’inverse on décide de prendre au mot la critique, de rompre avec ce monde et de quitter les bancs de l’école afin de prendre en main ses conditions de vie, il devient difficile de continuer à penser, au sens philosophique du terme, parce que la vie livrée à elle-même produit rarement autre chose que sa propre justification. Assumer les conséquences d’une pensée, c’est mettre en question les conditions matérielles et imaginaires de la vie qui la porte, quitte à les bouleverser. Fonder une école de philosophie ne vise donc pas seulement à transmettre des savoirs ou à les critiquer, mais à forger des outils permettant de donner à nos vies les formes les plus justes.
L’école s’inscrit donc dans une perspective qui la dépasse très largement. La manière de manger, d’habiter, de produire ou de construire détermine en effet le genre de vie que nous menons, au même titre que la manière dont nous pensons. Là où la société moderne propose un modèle fondé sur la division du travail entre spécialistes, modèle auquel les utopies opposent celui de l’homme total capable de tout faire en une seule journée, il paraît plus juste de reposer la question de l’articulation entre les différentes sphères de l’existence.
Une école de philosophie ne saurait donc être indifférente au lieu dans lequel elle se situe et aux activités qui la conditionnent : or la plupart des espaces que nous connaissons exigent cette indifférence, car chaque tâche fait de l’oubli des autres la condition de sa propre perfection. Les bon·ne·s étudiant·e·s sont ainsi celles et ceux qui savent se rendre suffisamment aveugles au monde pour se concentrer sur leurs études. Le salariat qui confère ensuite à certain·e·s le droit de ne plus avoir à se préoccuper que de penser est une illusion en plus d’être une injustice, car la pensée pure ne se soutient pas d’elle-même ; elle n’aurait plus rien à penser ni plus rien à manger. Pour restituer sa signification vitale à la philosophie, il faut donc trouver comment brancher la machine théorique sur la machine agricole, la machine militante, la machine artisanale, etc. C’est pourquoi l’école de philosophie gagne à se construire dans un lieu où se pose la question de l’articulation entre les différents savoirs et les différentes activités et où de tels branchements peuvent être expérimentés.
Dès lors que la pratique de la philosophie n’a plus pour seul horizon la professionnalisation de la pensée, nous voudrions envisager tous les rapports imaginables de l’existence à la philosophie : des vies qui s’y consacrent pleinement, d’autres qui la traversent un moment et tout l’éventail des possibles entre les deux. Dans tous les cas, c’est ce qu’on appelait dans l’Antiquité la « vie bonne », c’est-à-dire l’interrogation sur la juste manière de mener sa vie, qui est en question. C’est parce que l’on y oublie cette question que l’on produit, dans les universités, un discours souvent aride, parfois obscur, toujours désincarné. À l’inverse, c’est parce que l’on ne pense pas la vie bonne, que l’on cherche pourtant à mener, que l’on a aujourd’hui tant de mal, dans les milieux révolutionnaires, à donner du sens à nos gestes.
Il ne s’agit ni de dire comment vivre aux un·e·s, ni de dire quoi faire aux autres. L’école se donne pour tâche de fournir à celles et ceux qui s’interrogent sur la transformation possible et radicale de leurs conditions de vie un temps pour la penser et de rendre manifeste à celles et ceux qui veulent prendre la philosophie au sérieux la nécessité de se poser la question des conditions matérielles de leur existence. Bref, nous voudrions que les écolier·ère·s puissent déserter et que les déserteur·euse·s puissent aller à l’école.
L’inscription se fait à l’année, après une séance d’essai. Il est également possible de venir une fois en auditeur libre, ou de venir faire à manger sur une session.
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La formation dure d’octobre à juillet, cinq semaines dans l’année, sur les vacances scolaires de la zone C. Les sessions commencent le vendredi et se terminent le jeudi soir.
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prendre conscience
Les inscriptions sont closes, nous avons atteint notre jauge maximale !
Pour cette septième année, l’école de philosophie propose deux stages d’une semaine, pour s’exercer dans la durée à des pratiques collectives et des méthodes de pensée.
L’une au printemps, l’autre à l’été, ces deux semaines d’école auront pour thème PRENDRE CONSCIENCE.
Ces semaines seront constituées de lectures collectives, d’exercices, d’ateliers et d’exposés, ainsi que de cuisine, de ménage et de temps libre plus ou moins remplis (sport, promenades, ciné-club, jeux etc.), car c’est dans la vie collective autant que dans les contenus théoriques que s’élabore la pensée.
On peut venir à l’une ou l’autre, ou bien aux deux semaines aussi.
Vous pouvez écrire à : ecoledephilo.verfeil@proton.me
21 au 27 avril 2025
programme en cours d’élaboration
23 au 29 juin 2025
programme en cours d’élaboration
L’école de philosophie est liée à d’autres formations créées ces dernières années. Ces écoles ont en commun le désir de partager des techniques et des savoir-faire dans un cadre collectif, hors des institutions. Pour le moment ces liens se concrétisent par l’organisation de chantiers-écoles regroupant une formation de charpente, de ferronnerie, de menuiserie, de bûcheronnage, d’art et anthropologie, de philosophie…
Une formation annuelle de charpente
Rencontres, discussions et réflexions sur le plateau de Millevaches, dans le Limousin
L’école de philosophie a été créée par un groupe d’ami.es qui se sont rencontrées à l’université. Au cours des années, différentes personnes ont pris en charge différentes tâches et l’école fonctionne désormais grâce à un groupe élargi uni par l’expérience commune, dans une logique autogestionnaire. Les modalités de ce fonctionnement sont encore en cours d’élaboration, en voici une première ébauche ré-organisation 2022