Le montage comme idée et comme opération
Si nous parlons de montage, dans une année consacrée à "l’ordre des choses", c’est qu’il a été dit que le cinéma y pouvait quelque chose à cet ordre ; et qu’un de ses attributs primordiaux - le montage - se présentait comme l’opérateur d’une telle puissance.
ou l’ordre sans le pouvoir
On prête à Proudhon la formule suivante : "l’anarchie, c’est l’ordre sans le pouvoir". Comment penser une forme d’ordre qui ne soit pas le produit de l’action d’un principe ou de l’exercice d’un pouvoir ? Nous essayons de montrer qu’on peut soustraire l’ordre aux effets de pouvoir. C’est-à-dire déconstruire les hiérarchies. Deleuze et Guattari s’y sont affairés, en créant le concept de rhizome. Nous avons essayé de les lire en écoutant du free jazz.
Cette année nous allons nous intéresser à L’ordre des choses, et il nous semblait important de commencer cette réflexion par son sens le plus méprisé, le plus terre à terre et donc, quel dommage, le plus éloigné de la philosophie (le mariage entre matérialité est philosophie n’étant pas conclu) : le ménage.
« Les choses sont là, pourquoi les manipuler ? » demandait Roberto Rosselini. En les filmant, le cinéma nous donne à voir les choses telles qu’elles sont, dans leur objectivité – contrairement à la poésie, à la peinture, à la sculpture. Pourtant le cinéma manipule les images, littéralement. À la main, il met les images les unes à la suite des autres, dans un certain ordre – c’est le principe même de son fonctionnement. Par l’intermédiaire des images, le cinéma met donc les choses en ordre pour nous montrer l’ordre des choses. Voilà son paradoxe.
Invitation et programme
2022-2023
Depuis maintenant cinq ans une école de philosophie existe à Verfeil-sur-Seye dans le Tarn et Garonne (82). Cette école a été créée afin de partager et de forger ensemble, par l’étude, l’écoute et la discussion, des outils conceptuels capables de nous aider à comprendre ce qui nous entoure et de nourrir nos révoltes contre le monde tel qu’il va.