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5ème année : 2022-23

Invitation et programme
2022-2023

Depuis maintenant cinq ans une école de philosophie existe à Verfeil-sur-Seye dans le Tarn et Garonne (82). Cette école a été créée afin de partager et de forger ensemble, par l’étude, l’écoute et la discussion, des outils conceptuels capables de nous aider à comprendre ce qui nous entoure et de nourrir nos révoltes contre le monde tel qu’il va.

Cette dernière année, nous l’avons passée à travailler sur les institutions minoritaires – les expériences d’organisation collective dans les domaines de l’enseignement, de la formation, du soin, etc, en rupture avec les modèles politiques et économiques dominants – , l’occasion de réfléchir sur le passé, le présent et l’avenir de l’école de philosophie. Cela nous a permis de revenir sur les problèmes et les difficultés qui ont été rencontrées ces trois premières années d’existence, tant sur le plan de la vie commune que sur celui de l’étude.

De nouvelles formes
Nos recherches de l’année ont fait éclore un nouveau mode de fonctionnement et de nouvelles formes. Nous avons décidé de laisser plus de place à l’étude collective, en privilégiant un travail de réflexion et de recherche en groupes, étendu sur toute l’année (et éventuellement prolongeable l’année suivante). A la rentrée, nous vous proposerons donc de constituer des groupes à partir de différents objets d’études préalablement réfléchis par ceux et celles qui ont participé à l’école cette dernière année. Ces groupes seront reliés par un thème commun, qui en orientera le travail. Les cours seront pris en charge par les groupes d’étude eux-mêmes et porteront sur des contenus transversaux aux différentes recherches. Des moments d’exercices et de travail méthodologique seront proposés ainsi que différents ateliers permettant de travailler hors du cadre général de l’année, qu’il sera possible d’enrichir par des propositions (les années précédentes il y a eu un atelier cinéma, un atelier théâtre, un atelier de lecture, un atelier théologie etc.).
Pour assurer une continuité et mener à bien nos envies d’étude, nous vous proposons de nous retrouver cinq fois dans l’année, à raison d’une semaine par vacances scolaires (zone C), d’octobre à juillet. Il est prévu d’organiser une semaine supplémentaire « hors les murs », afin de présenter le travail effectué durant l’année.
Il y aura cette année (2022/23) une vingtaine d’ancien.nes participant.e.s. Ce qui permet d’ouvrir une vingtaine de places pour de nouvelles inscriptions.
Pour les personnes qui ne pourraient pas s’engager à venir sur des semaines entières, nous proposons 10 places pour un cycle qui ne comprend que des weekends. Il sera possible d’assister aux cours magistraux, de participer aux exercices et aux ateliers et éventuellement à un moment de travail en groupe (cf. emploi du temps).

Vie quotidienne et fonctionnement.
Toutes ces activités se déroulent dans une seule et même maison : vie quotidienne et étude y sont donc liées. Les repas sont pris collectivement, les diverses tâches de fonctionnement sont partagées entre les participant.es de l’école (ménage, vaisselle, repas du soir, etc), les nuits sont passées en dortoirs (dortoirs non-mixtes et possibilité de chambres individuelles sur demande). Ce mode de fonctionnement suppose une attention constante aux autres, aux rythmes et aux espaces communs.Retour ligne automatique
Les moments d’intimité tendent à être rares, il faut donc veiller à ce que les temps collectifs n’empêchent pas des besoins ou des désirs individuels de s’exprimer.

L’ordre des choses

Qu’il s’agisse de l’organisation des sociétés, du cours des affaires, des équilibres du vivant ou de la structure de la matière, le réel semble toujours régi par un certain ordre. La question a souvent été de savoir si l’ordre que l’on voit dans le monde n’est pas celui que nous y projetons nous-mêmes : l’ordre est-il dans les choses ou s’applique-t-il à elles de l’extérieur ? On a tendance à penser qu’un ordre spontané ou naturel est plus légitime qu’un ordre institué. Pourtant, affirmer que c’est dans « l’ordre des choses » relève souvent d’un camouflage idéologique. Si le respect des équilibres écosystémiques semble être aujourd’hui nécessaire, la loi du plus fort n’en reste pas moins une injustice vieille comme le monde.
Les crises politiques, économiques et écologiques que nous connaissons depuis quelques siècles semblent précisément nous montrer que tout ordre, malgré son apparente rigidité, est précaire, qu’il est le résultat de beaucoup de hasards, que tous les ordres ne sont pas compatibles et que le désordre
est parfois salvateur. S’il semble toujours y avoir de l’ordre, il n’y en a pas d’absolu et il n’y en a pas qu’un seul - et partout le chaos menace de substituer un ordre à un autre, comme dans un kaléidoscope, au risque de n’en laisser subsister aucun. Plutôt que de moraliser la question de l’ordre, donc, il s’agirait de la pluraliser – interroger la tension entre notre besoin vital d’équilibre et notre désir irrépressible de changement, trouver les raisons qui rendent l’ordre nécessaire et celles qui le rendent insupportable, comparer les écosystèmes, les œuvres d’art, les organisations politiques, afin de comprendre comment l’ordre se fait et se défait dans les choses.

Groupes d’étude

Le thème général ne fera pas l’objet d’un traitement direct, mais constituera l’horizon commun de plusieurs groupes d’étude qui en déclineront différents aspects lors des cours du samedi. Le travail de ces groupes est autonome et leur mode d’organisation interne sera leur affaire propre. Voici une brève présentation des différents groupes – auxquels s’ajoutera, si envie, un groupe libre et sans programme. Cette présentation est provisoire. Le programme définitif des différents groupes d’étude sera envoyé courant septembre

Sur l’État
Grâce à la tradition marxiste, nous héritons d’analyses critiques de l’économie politique. Souvent, nous avons une idée plus ou moins confuse de ce qu’est "le capitalisme", son fonctionnement ou son histoire. En revanche, nous connaissons souvent très mal l’État, ses formes (État providence ou Empire, par exemple), ses origines, ses mutations contemporaines, etc. Pourtant, l’État nous semble être un objet singulier, et historiquement insistant. On ne peut le réduire ni à une superstructure du capital, ni à un outil neutre dont le peuple n’aurait qu’à s’emparer pour s’autogouverner. La nostalgie de l’État-providence nous semble anachronique, et le refus en bloc de l’État insuffisant pour construire des formes d’organisations collectives qui ne soient pas recapturées dans ses filets. La proposition de ce groupe est modeste, il s’agit de lire de l’anthropologie, de l’histoire ou de la philosophie pour essayer de mieux comprendre cette complexe machinerie étatique, sans pensée préconçue sur ce qu’on pourrait y trouver. L’idée est de se partager des lectures et de s’en rendre compte. Nous allons travailler à une bibliographie dont on discutera à la rentrée. Si vous avez des envies ou des propositions, n’hésitez pas à nous écrire.

Ranger la mémoire du monde
Notre vertige face aux images — leur puissance, leur mystère, leur nombre— vient de loin. Il ne naît pas de notre 21ème siècle digital, ni même des sociétés du spectacle du 20ème : à la fin du 19ème siècle, en Allemagne, l’historien de l’art Aby Warburg décrète sa discipline inapte à comprendre la place de ces images dans nos sociétés. Plutôt qu’une « Histoire de l’Art », orientée par un idéal bourgeois du beau, il souhaite fonder une véritable « Science de la Culture », capable de saisir les images dans toute leur épaisseur anthropologique, psychologique, techno-scientifique. Ce qui suppose de pouvoir y accueillir des images antiques autant que des images contemporaines, des symboles rituels Hopis autant que des peintures florentines du Quattrocento. Dans son Atlas- Mnémosyne (du nom de la déesse de la mémoire), Aby Warburg entreprend un travail d’une ambition démesurée, aussi rigoureuse que désordonnée. Sur des dizaines de panneaux, il épingle des reproductions de tableaux, de croquis, des photographies, afin de révéler, par effets de montage, des survivances de formes, de figures, des gestes de pathos. Au court de cette année consacrée à l’ordre des choses, nous nous proposons d’étudier collectivement cette tentative de classification et de rangement de la mémoire du monde, à l’époque où des algorithmes sembleraient vouloir s’en charger pour nous.

Pensée poétique et mise à mal du concept
Ce groupe d’étude propose d’aborder des formes de pensées qui ne sont pas strictement conceptuelles. À travers des textes de poésie, mais aussi des mythes, des contes, des récits, des textes religieux, etc. (à la convenance de chacun.e : il n’y a pas de programme ni de corpus prédéfinis), nous nous intéresserons à la pensée que nous pourrions qualifier de « créative », et à son lien avec l’imaginaire et avec l’écriture poétique ; c’est-à-dire à des formes qui, elles aussi, pensent le monde, mais qui ne le font pas sous l’égide du concept et de la rationalité, ou qui sont directement en guerre contre l’idéalisme platonicien et l’ensemble des outils de la philosophie occidentale. Au cours des trois premières années de l’école de philosophie, plusieurs groupes de travail ont initié des pas de côté par rapport aux canons de l’étude philosophique et à sa fabrique de concepts (l’atelier cinéma, refuge des images qui pensent par elles-mêmes ; l’atelier science-fiction, qui a établi que la fiction pouvait avoir un usage philosophique...). Ce sont ces gestes que nous souhaitons prolonger et accentuer. L’un des objectifs de ce groupe d’étude pourra être, par exemple, d’imaginer un rendu final singulier, qui explorera le domaine de l’écriture non-philosophique (poétique, fictionnelle, etc.).

Nos désirs sont des astres
Dans ce groupe d’étude, nous nous intéresserons au thème du désir, au travers d’une multiplicités de pistes possibles, selon les envies et intérêts des un.es et des autres : (1) Quel est le lien entre désir et manque ? Une définition du désir comme n’étant pas hanté par le manque est-elle possible ? Quelles auteurs participent à cette définition (Spinoza, Deleuze, Lacan...) ? (2) Quel rapport entre désir et désastre ? Qu’est-ce qui se joue dans ce qu’on peut qualifier de « matière noire » du désir (Pulsion de mort, caractère désastreux du désir) ? Comment le désastre risque-t-il d’altérer et d’annihiler le désir (colonisation, épidémie du SIDA, catastrophe climatique...) ? Quelles sont les ressources du désir comme force utopique au sein du désastre ? Voilà ce sur quoi certain.es d’entre nous ont déjà prévu de travailler. Si ces pistes de recherches vous intéressent aussi, nous pourrons les étudier ensemble. Cependant nous laissons complètement la place à d’autres questionnements et d’autres axes de travail autour de la thématique du désir. De là, nous essaierons de dessiner une constellation entre nos différents objets d’étude en les faisant se rencontrer lors de rendez-vous de travail communs (lectures communes de textes, discussions et présentations de là où on en est, élaboration de problématiques communes..). L’idée de ce groupe est d’expérimenter plusieurs formes de travail collectif selon nos envies : soit en travaillant de manière très resserrée ensemble, soit côte-à-côte, soit un peu des deux...

La genèse des monstres
Comment, sans pour autant le justifier, rendre raison du mal ? Comment comprendre ses accointances avec la civilisation et son paradoxal progrès ? Nous nous proposons d’aborder la question du mal en l’attaquant par tous les angles : à partir d’œuvres littéraires, de travaux historiques (sur la colonisation, l’holocauste, en reprenant l’histoire du diable, du péché, de la trahison), d’hypothèses anthropologiques (le bouc émissaire, les monstres, le sacrifice, la violence cathartique), de récits de guerre et de désastres contemporains, de travaux féministes (sous l’angle des violences de genre et de l’inceste), par la psychanalyse (le refoulé, le procès de civilisation, la régression) ou la biologie (l’agressivité, l’évolution). Il sera possible de se rapporter à la problématique générale ou de la compléter selon ses propres intérêts. Nous proposons de prendre pour point de départ le travail de la psychanalyste Nathalie Zaltzman qui porte sur le problème du mal, de la cruauté et de la pulsion de mort par l’angle notamment des moments historiques de violence collective. Nous voudrions aussi nous attarder sur la discussion entre Arendt, Jaspers et Anders autour de la banalité du mal, et traverser les travaux de Freud sur la barbarie et la civilisation. Ainsi nous verrons s’il est possible de rendre justice sur terre et poserons cette question naïve : pourquoi les humains sont-ils méchants ?

Anarchi/sme
Le mot « anarchie » est ambivalent et problématique. Le terme grec arkhè signifie à la fois « commencement » et « commandement », « principe » et « pouvoir ». L’idée d’anarchie renvoie donc à la fois à l’absence de principe (le réel n’a pas de fondement) et à l’absence de pouvoir (la communauté n’a pas de chef.fe). Comment interpréter cette intrication lexicale entre la métaphysique et la politique ? On pourrait partir de deux paradoxes particulièrement tenaces. Le premier peut s’énoncer ainsi : le pouvoir contemporain (néolibéral, capitaliste, cybernétique, etc) est anarchique et n’offre que peu de prise à la contestation anarchiste. Le deuxième peut se formuler de la façon suivante : si l’anarchie n’est pas le simple chaos, il faut penser une forme d’ordre ou d’organisation anarchique. Quelle est l’arkhè que vise une pensée anarchique, si elle doit à la fois défaire les formes contemporaines du pouvoir et rendre possible des modes d’organisation ? On fait le pari que c’est en étudiant le concept d’anarchie à la fois d’un point de vue politique et d’un point de vue philosophique qu’on parviendra à lever ces paradoxes. On voudrait donc se donner quelques points de repère dans la tradition anarchiste et dans l’histoire de la métaphysique afin d’envisager quelles formes d’ordre et de pouvoir peuvent résister au commandement et à la domination.

Théâtre et philosophie : problèmes de théories, de pratiques et de règles
Ce groupe de recherche se concentrera sur différents enjeux liés à la fois au théâtre et à la philosophie. D’une part, il s’agira de lire les ouvrages de réflexions de metteurs en scène et d’acteurs sur leur propre pratique. Brecht servira de figure de référence. Ses écrits nous accompagneront tout au long de l’année par l’articulation qu’il construit entre une théorie de la mise en scène, de l’écriture dramatique, des conditions techniques de la scène (scénographie, lumière et musique), et du jeu d’acteur. Ces thèmes d’apparence strictement théâtraux, "à usage professionnel", sont autant de réflexions sur l’apparaître, le langage, la technique, le corps et l’imaginaire. On examinera donc ses différentes notions (la distanciation, l’épique, le gestus) mais également le dialogue souterrain et soutenu avec Marx, Aristote (la poétique) et Hegel (ses leçons sur l’esthétique). D’autre part, on explorera l’hypothèse de Paolo Virno que les exercices d’entrainement pour l’acteur mis en place par différents metteurs en scène du XXème siècle (Stanislavski, Grotowski, Vassiliev) sont l’équivalent contemporain des exercices philosophiques de l’Antiquité consacrés au souci de soi. Il s’agira à la fois de lire les théories du jeu, d’en méditer la philosophie implicite, et aussi de se prêter à ces jeux. À un troisième niveau : Ce qui est présenté sur scène a fait l’objet d’une préparation, quelque soit le sens très large qu’on puisse donner aux termes de "présentation", "scène" et "préparation". La présentation sur scène est toujours une représentation. Comment dans cette représentation, nous nous débrouillons avec le désordre des multiples modes d’être, jeux de langage, manières de faire, dont le monde est fait et défait ? Notre piste sera que la théorie et la pratique du théâtre gagnent à maintenir ouverte cette anarchie des régimes de sens, tout en donnant de ce désordre une forme structurée dans la représentation. Ce problème sera abordé par différents angles, à partir de la théorie de la performativité et la critique de l’essentialisme chez Butler, la notion de situation chez Debord et Badiou, et celle de dionysiaque chez Nietzsche.

Division du travail. Production, reproduction, care.
La tripartition classique de l’action en Occident distingue et hiérarchise le travail, l’oeuvre et l’action. Pour Arendt, la modernité capitaliste se caractérise par une survalorisation du travail et une extension de cette catégorie de l’agir à toutes les autres manières de faire. La pensée marxiste, malgré sa dimension révolutionnaire, conserve intacte cette valorisation du travail productif. Les théories féministes de la reproduction montrent en revanche à quel point le travail reproductif (des femmes, des esclaves, des non-humains) est indispensable au processus de production. Certaines en dénoncent l’exploitation, d’autres valorisent cette manière particulière d’agir nommée "travail du care" ou "soin". On propose dans ce groupe d’étudier les théories féministes de la reproduction et du care pour comprendre en quoi elles peuvent nous aider à repenser les catégories traditionnelles de l’action, et peut-être à dépasser la centralité contemporaine de la production.


La vraie vie

Novembre 2018

Exemplifier

Tout peut servir d’exemple. Donc il n’y a pas d’exemple en soi.
A première vue, l’exemple de quelque chose est là pour consolider l’existence d’autre chose, pour faire advenir son être, pour l’imposer. On dirait que l’exemple est de l’ordre de l’impur, de l’imparfait, dévoilant partiellement et imparfaitement une réalité qui lui est supérieure. L’exemple a une fonction de monstration, il fait signe vers autre chose qui est extérieure à lui-même.

Exposé

la vraie vie

novembre 2018

La vie bonne : genres et formes de vie dans la philosophie antique

Quand la philosophie apparaît au Ve siècle av. J.-C., elle ne naît pas comme science, mais comme mode de vie. Philosopher, c’est vivre un certain genre de vie et, si l’on en croit ceux qui le vivent, le meilleur parmi tous. La vie bonne, c’est la vie contemplative. Une telle affirmation s’appuie une réflexion plus large sur les formes de vie – qui ne se réduit ni à la biologie, ni à la sociologie, ni à l’anthropologie, mais qui se situe en
deçà du partage entre l’étude générale du vivant et celle de ses formes singulières. La philosophie n’est donc qu’une forme de vie parmi les autres, mais cette forme prétend être la plus haute. Il faut donc chercher à comprendre ce qui lie l’étude des formes de vie à un plaidoyer pour la vie philosophique. Si le mot grec theoria ne signifie pas simplement « théorie », c’est-à-dire un savoir coupé de l’expérience, mais « contemplation », c’est-à-dire un certain rapport vivant à ce qui est, alors il faut examiner en quoi ce rapport peut prétendre être plus vrai que les autres.

Exposé

La vraie vie

décembre 2018

Vie et vérité chez Nietzsche

Pour cette séance, on commencera par suivre le raisonnement de Nietzsche dans sa dimension destructrice. Ce dernier s’attaque en effet à tous les discours prétendument absolus – par exemple ceux de la philosophie ou de la religion – pour les ramener au type de vie qui l’énonce, en se demandant à chaque fois qui parle. Nietzsche est ainsi un des premiers auteurs à détruire la croyance en l’existence de vérités indépendantes de leur situation d’énonciation, et des rapports de pouvoir particuliers qui les caractérisent. Cette forme de nihilisme fait aujourd’hui partie de notre condition contemporaine : pourquoi choisir un mode de vie plutôt qu’un autre si toute croyance peut être réduite à une stratégie vitale ?
On verra ensuite comment Nietzsche tente de sortir de ce nihilisme. Pour cela, il lui faut reconstruire une distinction entre différentes existences plus ou moins authentiques, à l’intérieur d’un cadre où toute transcendance a été détruite. On examinera sa proposition, qui en passe entre autre par une opposition entre force et faiblesse, et on en questionnera les limites.