Textes à propos de la situation en Palestine

Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, la question de la résistance palestinienne à la colonisation israélienne s’est posée à nouveaux frais. Comment intervenir dans cette situation ? Ce n’est pas la première fois, à l’école de philosophie, que nous nous efforçons de penser les situations politiques qui nous requièrent. Ce fut le cas lors du mouvement des Gilets jaunes, de la guerre en Ukraine, du mouvement des retraites… Aujourd’hui il nous semble opportun de partager les textes qui ont nourri réflexions et discussions à propos de la guerre et de la situation coloniale en Palestine, en regard de ce que fut l’histoire du sionisme qui, avec le soutien des puissance occidentales, s’est imposé par la force comme seule réponse possible à la demande d’une vie digne formulée par les juif·ves d’Europe. Faire de ces textes des armes, nous permettant de prendre et de défendre des positions, de façon critique et plurielle – des armes qu’il nous faut continuer de forger.

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Sur le Hamas et la lutte armée palestinienne

  • Talal Asad, Attentats-suicides (2007 en anglais, 2018 en français)
    Un génial classique des études décoloniales, qui interroge la spécificité de l’attentat-suicide et de son lien à l’islamisme. « Penser l’attentat-suicide – dans toute son horreur et sa banalité – consistait pour moi à entreprendre l’analyse de certaines présuppositions contemporaines quant aux faits de mourir et de tuer. Une idée principale m’a accompagné tout au long de ce travail : quels que puissent être nos efforts pour distinguer moralement les bonnes manières de tuer des mauvaises, ces tentatives demeurent émaillées de contradictions qui s’ouvrent sur une dimension particulièrement précaire de notre subjectivité moderne. »
  • Yuval Abraham, Les camps de réfugiés palestiniens entre résistance et désespoir (2022)
    Sur le retour en force de la lutte armée en Cisjordanie, dans le contexte de répression israélienne de l’année 2022 et de l’absence de toute crédibilité de l’Autorité palestinienne. Enfants de la seconde Intifada, de nombreux jeunes armés ne sont pas affiliés politiquement et ont constitué leur propre front de résistance.
  • Matthew Levitt, What Hamas wants in post-war Gaza (en anglais, mai 2024)
    Une perspective géopolitique américaine et impérialiste sans complexe, qui étaye l’idée que si le Hamas continue la guerre c’est principalement pour se joindre à l’OLP et changer le mouvement palestinien de l’intérieur, tout en se maintenant comme force de combat indépendante. Revenant sur les objectifs de guerre du 7 octobre et sur le modèle que représente le Hezbollah pour le Hamas, cet article permet aussi de comprendre comment se tisse un récit qui occulte complètement la dimension anti-coloniale de la lutte palestinienne, non sans quelques inexactitudes ou mensonges.

A propos de la guerre en cours

  • Adi Callai, Le soulèvement du ghetto de Gaza (octobre 2023 en anglais, avril 2024 en français)
    Ecrite par une personne juive antisioniste, née à Jérusalem et vivant à la première personne les ruptures familiales et politiques que de telles prises de position provoquent, ce texte demande : que ferions-nous à la place des Gazaoui·es ? Et : les Palestinien·nes sont-ils des êtres humains ? Il raconte également les événements du 7 octobre et la réaction d’Israël depuis le point de vue de ce chercheur sur la philosophie militaire, en revenant notamment sur la doctrine Hannibal, sur la militarisation des discours féministes, sur la situation des otages. En prenant en compte à la fois le génocide en cours et l’impossibilité de détruire le Hamas, il finit par envisager l’issue possible de la guerre.
  • Rima Hassan, Remettre les Palestiniens au centre du débat (octobre 2023)
    Juriste spécialisée en droit international, Rima Hassan est l’une des rares voix palestiniennes audibles en France. Elle évoque la difficulté de faire entendre un récit palestinien sur la situation en Palestine, difficulté qui se trouve renforcée depuis les attaques du 7 octobre.
  • Adam Shatz, Gaza, pathologies de la vengeance (octobre 2023)
    Une analyse des tueries perpétrées par le Hamas à l’aune des analyses de Fanon (« Le colonisé est un persécuté qui rêve en permanence de devenir persécuteur »). Comment tenir ensemble le soutien à l’émancipation palestinienne et la condamnation des crimes de guerre du Hamas ?
  • Montassir Sakhi, Sortir de la guerre d’Israël (2024)
    L’auteur de La révolution et le jihad (2023) propose une lecture de la guerre à Gaza comme manifestation de la fin du sionisme fondateur d’Israël aussi bien que du nationalisme à la base de la lutte anticoloniale palestinienne. Cette guerre s’inscrit ainsi dans la continuité du Printemps arabe, qui a clos la période du nationalisme anticolonial en actant la fin de la croyance en l’État national comme matrice de l’émancipation collective. D’où une autonomisation de la quête d’émancipation en Palestine, dont témoignent aussi bien les conflits récurrents opposant des Palestiniens sans organisation aux autorités d’Israël que l’absence de revendication d’une représentation politique centralisant l’action politique et la résistance armée, ou l’abandon progressif du référent national et indépendantiste depuis l’empêchement d’Oslo. « C’est bien le sentiment de la clôture des nationalismes fondateurs, et le sionisme en est un parmi d’autres, qui donne aux mouvements s’emparant en son nom du gouvernement la possibilité de produire le pire, comme à Gaza. »
    L’auteur renvoie aussi dos-à-dos la guerre génocidaire d’Israël et la guerre par le terrorisme mené par le Hamas : figures d’une même guerre exterminatrice, aux puissances certes très déséquilibrées.
    Et rappelle qu’aujourd’hui la politique israélienne actuelle est moins marquées par les préoccupations de la diaspora juive autour du sionisme et de la lutte contre l’antisémitisme, que par l’histoire des rapports de pouvoir dans la société étatisée israélienne. Indexer la lutte contre l’antisémitisme à la défense d’un Etat des juifs, c’est confondre une période passé, celle des premiers débats fondateurs du sionisme, avec celle d’une société israélienne confrontée à l’occupation et à l’existence politique des Palestiniens.
  • Rony Brauman et Elba Rahmouni (Médecins Sans Frontières), Le conflit israélo-palestinien (vidéo, avril 2024)
    L’ancien président de MSF, fin connaisseur des terrains de guerre et des urgences humanitaires, analyse avec calme et sagesse la situation palestinienne. En considérant qu’il s’agit non seulement du plus ancien conflit en cours, mais aussi du dernier conflit colonial, faisant en outre écho en Occident à la Seconde guerre mondiale, il n’est pas certain que la judéophobie soit pertinente pour analyser cette guerre locale devenue conflit mondial. Brauman dénonce la connivence coloniale de l’Europe avec Israël. Il interroge la place et la pertinence du droit et de l’aide humanitaires, et rappelle qu’il n’y aura pas de paix sans pression internationale, car Israël n’a aucun intérêt à la paix, qui signifierait la renonciation à des territoires qu’elle convoite.
  • Craig Mokhiber, Lettre de démission du Haut Commissariat aux droits humains (28 octobre 2023)
    L’ex-directeur du bureau new-yorkais en charge des droits de l’homme à l’ONU démissionne pour protester contre la timidité de certains éléments clés de l’ONU sur les questions relatives aux droits de l’homme des Palestinien·nes.

Analyses géopolitiques :

  • Alain Gresh, Ce que la Palestine fait au monde (mai 2024)
    D’une main des bombes, de l’autre de l’aide humanitaire : voilà l’implication biface de la France à Gaza, exposant le double visage de l’Occident : une face pour les droits de l’homme et l’universalisme, l’autre pour la suprématie et la colonisation. Alain Gresh, journaliste français, montre qu’à Gaza c’est aussi une certaine idée de l’Europe et de l’Occident qui, au Nord comme au Sud, se trouve ébranlée.
  • Yves Russell, Les maux de la terreur (mai 2024)
    Un texte précis et informé sur le terme de « terrorisme », en ce qu’il ne désigne pas une forme particulière d’idéologie politique, mais constitue une façon de délégitimer certains auteurs de violence, « islamistes », « indépendantistes », « séparatistes », tout en inversant les rôles : ce ne sont plus les groupes opprimés qui sont en lutte, mais les États, en « lutte contre le terrorisme ». Contrairement aux Etats, les « terroristes » ont-ils le choix de leur méthode ? Ce texte décortique comment la « guerre d’autodéfense contre le terrorisme » justifie un génocide graduel.

Analyses marxistes :

  • Emilio Minassian, Gaza : une militarisation extrême de la guerre de classe en Israël-Palestine (octobre 2023)
    Une analyse marxiste de la guerre actuelle en Palestine, décrite comme militarisation extrême de la guerre de classe : une négociation par la violence entre le sous-traitant gazaoui et son employeur israélien. La bande de Gaza est décrite comme un marché captif et satellite peuplé de sous-prolétaires, dirigé par la bourgeoisie comprador du Hamas. Dans cette situation, c’est moins l’exploitation d’une force de travail indigène que la gestion d’une population prolétarienne excédentaire qui est en jeu.
  • Il Latto Cattivo, Le point d’explosion des contradictions israéliennes (octobre 2023)
    Cet article procède à une analyse matérialiste des contradictions internes à la société israélienne, mise à l’épreuve par l’offensive du Hamas. Les Palestiniens, aussi désespérée soit leur situation, bénéficient d’une forte homogénéité nationale, produite par des décennies de résistance, face à la juxtaposition d’ethnies et de clans qu’est Israël. Ces dix thèses reviennent aussi sur les accords d’Abraham, sur le rapport entre le Hamas et les Palestiniens, sur l’islamisme compris comme un avatar petit-bourgeois de la crise du nationalisme laïc socialisant.

Du rapport entre Gaza et la Shoah

  • Enzo Traverso, La guerre à Gaza « brouille la mémoire de l’Holocauste » (novembre 2023)
    Cet historien spécialiste du nazisme et de l’antisémitisme dénonce l’instrumentalisation de la mémoire de l’Holocauste qui, en servant à justifier la guerre génocidaire d’Israël à Gaza, risque de susciter une importante remontée d’antisémitisme.
  • Pankaj Mishra, La Shoah après Gaza (mars 2024)
    Ecrit, d’abord en anglais, par un universitaire indien, ce texte développe les critiques et auto-critiques de juifs, pour certains rescapés de la Shoah, passés du sionisme au désaveu de l’Etat d’Israël, et rappelle que c’est notamment la colonialité qui a rendu la Shoah possible.

Sionismes et antisionismes

  • Olivier Tonneau, Lettre aux antisionistes (novembre 2023)
    Pourquoi il n’est pas si facile, en tant que juif notamment, de renoncer au sionisme, ou les arguments de Houria Bouteldja retournés contre Houria Bouteldja.
  • Olivier Tonneau, Lettre à Rima Hassan : l’autre sionisme (mars 2024)
    Une lettre qui parle moins de Rima Hassan que de la distinction entre sionisme politique et sionisme culturel, décrit comme une forme de sionisme attachée à la création organique d’un foyer spirituel juif en Palestine, ouvert sur le monde arabe et ne nécessitant pas d’Etat national moderne.
  • Béatrice Orès, Michèle Sibony, Sonia Fayman (dir.), Antisionisme, une histoire juive (2023)
    Ce livre, collection de chapitres ajointant des voix multiples, religieuses, révolutionnaires, libérales, humanistes, fait entendre l’oppo­sition d’intellectuel·les, de rabbins, de militant·es et d’organisations juives au projet puis aux actes de l’État israélien. Elevées contre le sionisme en Occident, au sein du monde arabo-musulman et en Israël même, ces voix contestent, pour des raisons morales ou politiques, la légitimité, l’intérêt et les conséquences du projet sioniste. Ou pourquoi il est impossible de rabattre l’antisionisme sur l’antisémitisme.
  • Ariella Aïsha Azoulay, La résistance des bijoux (2023)
    L’auteure s’appuie sur l’histoire de sa famille pour mettre en parallèle les colonialismes français en Algérie et sioniste en Palestine. Elle saisit les continuités entre ces projets impériaux, caractérisés notamment par la volonté de détruire l’enchevêtrement historique des mondes juifs, arabes et berbères, un entrelacs qu’elle revendique pour travailler à le restaurer.
  • Tsedek, avec Ariella Azoulay et Houria Boutledja, Juifs/Musulmans, nos fissures. Haolam Hazeh chez Paroles d’honneur (vidéo, octobre 2023)
    Les deux femmes, l’une juive et l’autre arabe et musulmane, toutes deux décoloniales, reviennent sur l’histoire commune des Arabes et des Juifs séfarades, pour envisager des façons émancipatrices de se rapporter à ces identités.
  • Amnon Raz-Krakotzkin, Une nationalisation de l’histoire (2007)
    Chapitre du livre Exil et Souveraineté, écrit par un historien israélien qui critique la construction par différents historiens, chrétiens, juifs et/ou sionistes d’une histoire commune des juifs comme peuple.
  • Ilan Pappe, Fantasmes d’Israël (mai 2023)
    Ecrit par un historien israélien anti-sioniste pendant les manifestations en Israël contre le mandat de Netanyahou, avant le 7 octobre donc, ce texte met en exergue le consensus colonial qui rassemble l’ensemble du champ politique israélien, rappelant que le sionisme, qu’il soit fascisant ou libéral, réalise invariablement la même politique de rapt de la Palestine.
  • Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé (2008 en hébreu, 2018 en français)
    Ecrit par un historien israélien, ancien soldat pendant la guerre de Six jours et militant pour un Etat israélien qui ne soit pas uniquement juif, ce livre décrit la construction nationale israélienne par le mouvement sioniste, en montrant comment cette construction s’est appuyée sur un récit fondateur mythique, faisant des populations juives un peuple uni par une même origine et ayant une histoire nationale commune remontant à la terre d’Israël. Or ces populations ne se définissaient que par leur appartenance à une religion commune, le judaïsme, et ne se percevaient pas comme un peuple.

Sur l’antisémitisme de gauche

  • Moishe Postone, Le sionisme, l’antisémitisme et la gauche (2019)
    Ce marxiste hétérodoxe juif et canadien explique comment la gauche, persuadée d’incarner la moralité en politique, évacue sa responsabilité dans la montée actuelle de l’antisémitisme, décrivant celui-ci comme l’expression d’un anticapitalisme fétichisé.
  • UJFP, Mise au point : antisémitisme, irresponsabilité, l’UJFP répond à ses détracteurs (février 2024)
    Réponse de l’UJFP à un article de Médiapart qui accuse le collectif Urgence Palestine d’antisémitisme et d’apologie du terrorisme, tout en disant soutenir les Gazaoui·es. L’UJFP rappelle que la diabolisation du mouvement de solidarité à la Palestine ne peut que servir les génocidaires, et que la meilleure façon de lutter, dans les faits, contre l’antisémitisme, est d’apporter, en tant que juifs et juives pour la paix, de l’aide à Gaza.

Sur l’occupation en Palestine

  • Elias Sanbar, Les Palestiniens dans le siècle (1994 en anglais, 2007 en français)
    Ecrit par un diplomate et réfugié palestinien, ce livre très documenté retrace l’histoire de la Palestine depuis la déclaration Balfour jusqu’à la disparition de Yasser Arafat, en passant par les révoltes des années trente, la guerre de 1948, la création de leurs mouvements de résistance, les guerres israélo-arabes, les massacres de la première puis de la seconde Intifada.
  • Eyal Weizman, Hollow land (2007, non traduit en français)
    Ce livre décrit l’espace politique créé par l’occupation coloniale israélienne, des tunnels de Gaza à l’espace aérien militarisé, et les mécanismes de contrôle qui le régissent, depuis l’influence de l’archéologie sur la planification urbaine jusqu’au discours et à la pratique israéliens contemporains de la guerre urbaine et des assassinats ciblés par voie aérienne. En décrivant les méthodes utilisées par Israël pour transformer le paysage et l’environnement bâti en outils de domination et de contrôle, ce livre met à nu le système politique au cœur de ce projet d’occupation coloniale de la fin des temps modernes.
  • La case du siècle, Hébron, Palestine, la fabrique de l’occupation (décembre 2023)
    Une description de la colonisation par le prisme d’une rue d’un kilomètre de long à Hébron qui cristallise tous les procédés coloniaux : à la fois un microcosme de l’ensemble du conflit et un site d’essai pour les méthodes de contrôle qu’Israël met en oeuvre dans l’ensemble de la Cisjordanie.
  • Palquest (site internet)
    Cette « Encyclopédie interactive de la question palestinienne », entièrement bilingue, à la fois objective et engagée, retrace l’histoire de la Palestine moderne, de la fin de l’ère ottomane à nos jours. Elle se compose d’une chronologie détaillée des principaux événements qui ont façonné l’histoire palestinienne, dont certains font partie de chronologies thématiques, permettant de comprendre les jalons de l’histoire de l’OLP, les principales résolutions des Nations unies, ou les différentes étapes des guerres israélo-arabes et des cycles de négociations.

Documentaires :

  • Yallah Gaza (novembre 2023)
    Qui sont les Gazaoui·es ? Ce documentaire donne la parole aux Gazaoui·es, petits pécheurs, activistes, militant·es associatifs, chrétiens orthodoxes, dirigeants du Hamas. Ils et elles parlent de leur quotidien, de géopolitique, de religion, de sionisme, de droit international. Leurs témoignages sont mis en perspective avec des analyses d’historiens, de journalistes, d’Israéliens, de juristes spécialistes de Palestine/Israël.
    Cf. l’article Yallah Gaza, un documentaire pour mémoire.
  • Of Land and Bread (novembre 2019)
    L’association israélienne de droits humains B’tselem a lancé en 2007 un projet consistant à fournir des caméras vidéo et à former des volontaires palestiniens en Cisjordanie pour documenter leurs quotidien sous occupation israélienne. Of Land and Bread est composé de plusieurs de ces vidéos, montrant les actes quotidiens d’oppression, d’humiliation, de déhumanisation commis par les colons israéliens et l’armée israélienne, n’épargnant personne.
    Cf. aussi le site de l’association B’tselem, qui regroupe vidéos, témoignages, cartes et données statistiques.

Que faire ?

  • Que lire pendant l’occupation (2018)
    Ecrit il y a plus de cinq ans, ce texte revient sur le silence qui a suivi les Marches du retour à Gaza en 2018, massivement réprimés dans le sang par Israël, alors qu’elles étaient pacifistes et rassemblaient des milliers de personnes. Que dire, que lire pendant l’occupation ? Il propose de lire les politiques occidentales à l’aune du paradigme israélien, malgré le risque que cela comporte de minimisation de l’antisémitisme. Il propose de lire Macbeth, image d’Israël qui voit sa crainte paradoxalement s’accroître à mesure que grandit son pouvoir, écrasant indistinctement tout ce que sa folie lui désigne comme menace. Le texte finit par des suggestions de lecture.
  • Samia (Parti des Indigènes de la République), Quelques considérations conjoncturelles sur le mot d’ordre « cessez-le-feu immédiat » (novembre 2023)
    La demande de cessez-le-feu ne pourra transiger sur la déportation des Palestinien·nes et ne saura accepter que soit négociée l’éradication de la résistance organisée en Palestine, au risque de l’éradication de la population palestinienne elle-même. Ce texte liste aussi les tâches du mouvement de soutien à la Palestine : amplifier le rapport de force installé contre l’État français, refonder l’antisionisme, et défendre les conditions qui seront posées par la résistance palestinienne dans son ensemble.
  • Première étape, s’emparer de Colombia (avril 2024)
    Ce texte, traduit de l’américain, rédigé par des participants aux campements de solidarité de Yale et de Columbia et d’abord tracté sur place le 21 avril, enjoint à l’action, alors que de vastes mouvements de solidarité à la Palestine s’organisent dans les universités et les écoles, aux Etats-Unis mais aussi en France
  • Vivre (sous, pendant, avec, malgré) Gaza (avril 2024)
    Aurions-nous été de ceux qui se sont opposés d’une manière ou d’une autre à la violence nazie ou coloniale, ou aurions-nous fait partie de ceux qui se sont accommodés et se sont tus ? De quel mouvement populaire pouvons-nous rêver pour nous opposer au massacre en cours à Gaza ?
    En posant ces questions, cet article précise qu’il ne s’agit pas, à Gaza, d’une guerre de civilisation, mais d’une guerre que mène l’Occident, et qu’Israël n’est que le nom que nous donnons, à tort, à la civilisation occidentale, celle du pillage, du colonialisme et du massacre de masse, et que revendique le sionisme.
  • De-colonizer (site internet)
    Le site d’une association israélienne « visant à permettre à ceux qui vivent/veulent vivre sur cette terre (Palestine/Israël) de la partager » dans l’égalité et la cohabitation pacifique. Elle travaille en conséquent à rendre pragmatiquement pensable le droit au retour des réfugiés palestiniennes, en proposant un cadre juridique ne lésant ni les Palestinien·nes, ni les Israélien·nes.

Réactions consécutives à l’attaque du Hamas du 7 octobre

  • Judith Butler, Condamner la violence (13 octobre 2023)
    Cette philosophe juive américaine, autrice d’essais sur la non-violence, enjoint de condamner la violence du massacre commis par le Hamas, sans renoncer pour autant à la comprendre. Séparer la compréhension de la violence raciste quotidienne d’Israël de toute justification de la violence palestinienne rend possible de penser les autres moyens de renverser le système colonial. (Et donc : les Palestiniens peuvent-ils mettre fin au système colonial sans violence ?)
  • Alain Gresh, Le droit de résister à l’oppression (9 octobre 2023)
    Seuls les occupants sont responsables de la résistance à l’occupation qu’ils suscitent, et l’effroi ressenti par les Israélien·nes n’est qu’une infime partie de ce que les Palestiniens ressentent quotidiennement sous le régime militaire d’occupation.

Articles de fond

  • Asad Haider, Terre et existence à Gaza (2021)
    Un article écrit par un philosophe américain propos du rapport entre émancipation sociale et émancipation nationale, décrivant l’universalité de la lutte palestinienne
  • Andrea Dworkin, Israël : franchement, à qui appartient ce pays ? (1990 en anglais, 2015 en français)
    Ce texte d’Andrea Dworkin, originellement publié en anglais en 1990, puis publié en français dans la revue Nouvelles questions féministes, raconte le malaise d’une enfant juive américaine face à la colonisation israélienne en Palestine, la difficulté d’en parler dans le contexte de traumatisme généré par l’Holocauste, puis la prise de position de cette féministe renommée en faveur des femmes israéliennes comme palestiniennes, vraies victimes de la politique belliqueuse d’Israël. Elle s’interroge sur l’imaginaire sexuel lié à la Shoah et sur la colonialité toute patriarcale d’un certain féminisme israélien.
  • Judith Butler, Lévinas trahi ? La réponse de Judith Butler (2013)
    En réponse à un article de Bruno Chaouat, professeur de littérature aux Etats-Unis, Judith Butler, philosophe juive américaine, se demande si les Palestinien·nes ont un visage au sens donné à ce terme par Lévinas. Sommes-nous capables de nous confronter au visage de l’ennemi ?
  • Sarah Schulman, dernier chapitre du livre Le conflit n’est pas une agression (2016 en anglais, 2021 en français)
    Le dernier chapitre de ce livre retrace l’historique de l’agression israélienne contre Gaza en 2014, sous forme d’échange de messages sur les réseaux sociaux, opposants à bâtons rompus arguments pro-palestiniens et pro-israéliens. L’autrice fait le constat d’un continuum : des relations intimes aux décisions politiques, individus comme Etats font souvent basculer des situations conflictuelles dans le registre de l’agression, criminalisant leurs opposants pour couper court à la contradiction et échappant ainsi à leur propre responsabilité dans les conflits.
  • Ballast, Pour la Palestine
    Une collection d’articles publiés par Ballast, dont de nombreuses traductions de l’israélien.
Kery James